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  • Photo du rédacteurYZO

Résidence IFM Kénitra - Jour#4

Dernière mise à jour : 23 févr. 2019

Mon premier regard sur le Maroc à travers Kénitra a malheureusement été vite brouillé par mes émotions... devant les manifestations de détresse animale, devant la négligence des habitants jetant n'importe où leurs détritus, traversant un quartier de baraques insalubres aux toitures en patchwork de tôles ondulées ou de bâches de récupération, ou encore croisant des mendiants handicapés et des enfants tendant la main ou essayant de vous vendre un paquet de mouchoirs en papier.


Aujourd'hui j'ai voulu prendre un peu de recul pour éclaircir mon regard. Ce fut donc une journée de recherches.

Et j'ai été surprise de voir que le Maroc avait déjà, et depuis longtemps, engagé des programmes de conservation de la nature.


Le Maroc est le deuxième réservoir de biodiversité du bassin méditerranéen après la Turquie, par son extrême diversité écologique au niveau du bioclimat, de la morphologie, de la végétation et de la faune. Mais si les ressources naturelles du Maroc sont exceptionnelles, elles n’en demeurent pas moins pleinement menacées, comme partout dans le monde et en particulier dans les pays en voie de développement, par les besoins sans cesse croissants en ressources biologiques, l'industrialisation, l'urbanisation, l'ancienneté, l'inadéquation et l'inefficacité du système législatif, ou l'absence de surveillance et de contrôle.


Les principaux efforts consentis par le Maroc en matière de conservation peuvent être résumés par la création de nombreux parcs naturels et réserves à travers l’ensemble du territoire.

- Parc nationaux : destinés à préserver la biodiversité au niveau local et national, les plus anciens datent de la période coloniale. De 1942 à 2008, le Maroc a connu la création de dix parcs nationaux, à savoir le Toubkal (1942), le Tazekka (1950), le Souss Massa (1991) et l’Iriki (1994), le Talassemtane (2004), Ifrane (2004), le Haut Atlas Oriental (2004), Al Hoceima (2004), le Khenifiss (2006), et le parc de Khénifra surnommé le château d’eau du Royaume (2008).

- Réserves biologiques : Réserve Biologique de Takherkhort, Réserve Biologique de Sidi Chiker ou M'sabih Talaâ, Réserve Biologique de Bouârfa et Réserve Biologique de l'Archipel d'Essaouira

- Réserves de Biosphères, qui viennent promouvoir des solutions réconciliant la conservation de la biodiversité et son utilisation durable : la Réserve de Biosphère Arganeraie (RBA), la Réserve de Biosphère des Oasis du Sud du Maroc, la Réserve de la Biosphère Intercontinentale de la Méditerranée (RBIM) et la Réserve de Biosphère de la Cédraie dans le Moyen Atlas.

- Zones humides classés sites RAMSAR (Convention relative aux zones humides d'importance internationale particulièrement comme habitats des oiseaux d'eau)

4 sites classés en 1980 : Réserve de Merja Zerga, Réserve de Sidi Bou Ghaba, Réserve de la lagune de Khnifiss, Réserve du lac Aguelmame Afenourir.

Actuellement 26 sites sont inscrits sur la liste Ramsar.

- Réseau de Sites d'Intérêt Biologique et Ecologique (SIBE)

160 SIBE's : milieux identifiés par l’Etude Nationale sur les Aires Protégées pour leurs valeurs écologique, scientifique, socio-économique ou patrimoniale. Ceux classés "priorité 1", comportant des écosystèmes originaux les plus représentatifs et les plus riches en biodiversité, doivent être rapidement placés sous un statut de protection (type réserve naturelle).

- Parcelles porte graines

Près de 837 hectares sont couverts par des formations génétiques forestières autochtones qui sont répartis sur 137 parcelles classées en guise de peuplements porte-graine in situ pour des espèces dont le pin d'Alep, le pin maritime du Maghreb, le cèdre de l'Atlas, le Cyprès de l'Atlas et le sapin du Maroc. Mais à côté de ces ressources génétiques autochtones, il y a, bien sûr, l'Arganeraie, le chêne liège et le Thuya. Moins nombreux sont les cultivars où sont protégées les cultures des variétés locales.


Avec ces parcs et réserves, le Haut-Commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification (HCEFLCD) travaille à préserver les espèces animales et végétales menacées d’extinction, et à reconstituer les écosystèmes naturels dégradés.

Outre le fait de constituer les derniers refuges d’espèces sauvages emblématiques du Maroc, ces espaces relativement protégés des activités agro-pastorales permettent la perpétuation d’écosystèmes reflétant toute la diversité qu’offre le Maroc, du Rif à l’Anti-Atlas, des plaines côtières aux montagnes ou au désert. Les chercheurs nationaux ou étrangers peuvent y étudier l’impact des changements climatiques et la façon dont les écosystèmes à cèdres, à chênes ou acacias et leurs cortèges floristiques s’y adaptent quand les activités humaines ne viennent pas aggraver les effets de la sécheresse ou du réchauffement climatique.


A côté de ces deux fonctions, conservation d’espèces et recherche scientifique, ces réserves présentent un remarquable potentiel, éducatif, ludique, touristique, économique… quasi inexploité. La plupart de ces réserves sont bien desservies, jouissent d’un accès direct par la route, sont situées non loin de centres urbains ou d’axes routiers majeurs. Ces sites peuvent contribuer à la sensibilisation, à l’éducation environnementale des élèves et étudiants par le biais de sorties sur le terrain encadrées par des enseignants ou des ingénieurs et techniciens forestiers. Plus largement, l’ensemble de la population pourrait trouver là un espace de contact et de découverte de la nature dans un cadre règlementé, protégé, cette réglementation étant la base de l’éducation des visiteurs qui ne devront en aucun cas se permettre de porter atteinte à l’intégrité de la flore et de la faune, soit par négligence soit par ignorance. Enfin, ces réserves représentent un atout dans la stratégie touristique nationale.




A côté des dispositions visant la conservation in situ de ses ressources vivantes, le Maroc est doté de nombreuses institutions essayant, dans les limites de leurs moyens, de soutenir animaux et végétaux dans leurs efforts de survie. Cependant, en dehors d'espèces pastorales et fourragères ayant attiré l'attention de certains améliorateurs, la conservation ex-situ de la biodiversité des espèces sauvages reste peu développée.

Ø Jardins botaniques comme le Jardin Exotique de Salé et le Jardin d'essais botaniques de Rabat - et jardins plutôt pédagogiques tels que ceux de l'ENFI ou l'IAV Hassan II.

Ø Arboreta : sites-test de comportement d'espèces végétales indigènes et exotiques qui datent de près de 60 ans et qui sont dispersés sur pratiquement l'ensemble du territoire national.

Ø Banques de semences entretenues par des institutions de recherche mais il s'agit essentiellement de collections de recherches dans des buts d'amélioration.

Ø Jardins zoologiques – le principal étant le Parc Zoologique National de Témara, les autres jardins zoologiques du Maroc n'hébergeant que des collections fort modestes; mais la contributions de ces parcs zoologiques dans la conservation des espèces indigènes reste très limitée dans la mesure où le milieu naturel où ces espèces devraient être introduites n'en profite que très peu.

Ø Banque de sperme : ce sont des infrastructures principalement destinées à l’amélioration génétique des animaux domestiques, en particulier le cheptel ovin, et bovin.


La réintroduction, qui consiste à replacer une espèce animale ou végétale dans le lieu d'où elle a disparu est une approche également utilisée au Maroc pour restaurer ou réhabiliter certains éléments de la biodiversité nationale ayant disparu du pays : Cerf de Berbérie importé de Tunisie et réintroduit dans le Parc National du Tazekka et le Parc National d'Ifrane - Gazelle dama, l'Oryx, l'Addax et Autruche réintroduites dans le Parc National du Souss-Massa - mouflon à manchettes dans le SIBE des Beni Snassen.


Pratiques Traditionnelles

L’usage de la biodiversité est très ancré dans les pratiques traditionnelles culinaires, médicinales du citoyen marocain au Maroc. Il n’y a pas une seule médina où on ne trouve pas des herboristes exposant mille et une plantes desséchées et de nombreuses espèces animales allant de la petite mouche verte (cantharide) jusqu’aux peaux ou cornes de grands mammifères, en passant par les tortues, les serpents, les rongeurs, les lézards, etc., presque toutes aussi menacées les unes que les autres, certaines même inscrites dans des listes rouges internationales.

Les éléments de la biodiversité sont utilisés dans les pratiques de sorcellerie encore largement répandues au Maroc.

Education et sensibilisation

Les programmes de conservation ne peuvent se montrer efficients que si ils sont accompagnés de mesures de sensibilisation et d’éducation, de recherche & développement, de coopération, etc.

Or les programmes d’éducation, ou encore les efforts fournis par quelques organisations, même soutenues par des organismes étrangers, n’ont encore que peu d’impact sur la sensibilisation du grand public, par manque de moyens humains et financiers.

Une partie éduquée et cultivée de la population marocaine est pleinement consciente des enjeux écologiques, mais il reste une grande majorité de la population auprès de qui il faut vulgariser les notions de respect de l’environnement et de développement durable. Ce qui prendra du temps.

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